La Pink Flamingo Society : un groupe international de scientifiques au service de la recherche marine
Les Nations Unies ont proclamé une Décennie pour les sciences océaniques au service du développement durable (2021-2030) afin de protéger la santé de l’Océan. Des objectifs ambitieux pour faire progresser les sciences océaniques ont été définis. Cependant, pour les atteindre, il est nécessaire de soutenir les expéditions scientifiques : investissements, développement technologique et engagement du public… En conséquence, une flotte philanthropique : la Pink Flamingo Society s’est formée. En s’unissant, ce groupe de fondations met à disposition ses navires et ses technologies de pointe pour l’exploration océanique et la recherche internationale. La Fondation Tara Océan fait partie de cette union depuis 2019.
Le coût de l’exploration océanique
L’exploration océanique ne reçoit qu’une fraction du financement destiné à l’exploration spatiale. Elle peine donc à s’organiser et à se développer. En parallèle, les technologies qui permettent d’explorer les profondeurs sont coûteuses (ROV submersibles, navires océanographiques, etc.). En sus, le temps de la recherche est long, il faut compter plusieurs années entre les prélèvements et la publication de résultats scientifiques. L’ensemble de ces contraintes rendent l’exploration océanique complexe.
C’est face à ces nombreux défis que plusieurs fondations ont décidé d’unir leurs moyens financiers, techniques et humains.
L’Union fait la force !
Pink Flamingo Society (PFS) est le nom donné à un groupe de fondations privées qui mettent à disposition des navires scientifiques en soutien à la recherche océanographique publique ainsi que leurs données, librement accessibles par l’ensemble de la communauté scientifique.
À l’origine de ce nom ?
La découverte d’une statuette d’un flamant rose (totem de Monterey Bay Aquarium Research Institute) par la Schmidt Ocean Institute sur un site de prélèvement à plus de 1 500 mètres de profondeur ! C’est à l’occasion d’une “(re)visite” d’une zone marine, semblant encore inconnue, que le Schmidt Ocean institute décide de réunir un premier groupe d’acteurs autour de ce projet afin de ne pas doubler les expéditions scientifiques dans une même zone. La Fondation Tara Océan fut parmi les 5 premières fondations invitées. Cette collaboration a débuté en 2019. Romain Troublé, directeur de la Fondation Tara Océan, la présidera jusqu’en 2026.
Porter une voix commune pour l’Océan
L’objectif principal est de s’unir pour s’entraider sur différents sujets tels que le partage d’informations sur :
- des sites étudiés,
- les routes de navigation,
- la logistique portuaire,
- les demandes de permis de recherche,
- la gestion des données.
De plus, l’idée est de porter ensemble une voix commune sur des questions de plaidoyer pour l’Océan.
Les membres sont internationaux avec des organisations telles que : Schmidt Ocean Institute, OceanX, Monaco Explorations, Monterey Bay Aquarium Research Institute (MBARI), Waitt Institute, King Abdullah University of Science and Technology (KAUST), REV Ocean, Ocean Exploration Trust, Minderoo Foundation, Inkfish et The International SeaKeepers Society.
Une approche multidisciplinaire au service de l’Océan
Ces différentes fondations travaillent sur des thématiques de recherches océanographiques complémentaires : biodiversité, pollution, climat, grands fonds dans le but de mieux connaître l’Océan.
En s’associant, elles ont initialement souhaité s’entraider sur des questions opérationnelles puis au fur et à mesure faire levier auprès des institutions gouvernementales (par exemple : lors d’événements communs lors des conférences internationales comme récemment avec un side event à l’Ocean Decade 2024. Pour la suite, ces fondations scientifiques internationales voudraient mettre en place un partage de protocoles scientifiques sur les différents bateaux afin d’optimiser certaines collectes de données et pouvoir obtenir des données interopérables. [utilisables par l’ensemble de la communauté scientifique, ndlr ]
Tara, une goélette océanographique reconnue
C’est dans ce contexte que la Fondation Tara Océan a souhaité rejoindre cette initiative. Tara est un petit bateau océanographique, mais qui est reconnue depuis plus de 20 ans pour son expertise scientifique. En effet, de par ces nombreux travaux sur le climat, la pollution et la biodiversité marine, elle a permis d’asseoir sa renommée notamment par le biais de publications reconnues à travers la communauté scientifique internationale. C’est un exemple de réussite mené avec peu de moyens et sur un petit bateau.
Il est vrai que la goélette Tara n’a pas les mêmes moyens logistiques, technologiques et humains qu’ont les autres navires ultrasophistiqués (technologiques pour explorer les grands fonds, ROV ou sous-marins habités, etc.), mais à l’heure actuelle, l’impact scientifique reste encore une référence.
La Fondation Tara Océan propose au sein du groupe Pink Flamingo Society la mise en œuvre de protocoles communs afin de, démontrer :
- la possibilité de faire de la science sur un “petit” voilier,
- de faire rayonner le travail de la Fondation et la France à l’étranger,
- de faire venir les autres navires dans les eaux françaises en soutien à la recherche française.
Faire de la recherche océanographique internationale
La PFS s’attache aujourd’hui à explorer la biodiversité des grands fonds, les cheminées hydrothermales, la biodiversité de la colonne d’eau et en surface et plus largement la pollution et le climat. Chaque institut à sa manière.
Le Monterey Bay Aquarium Research Institute (MBARI), acteur majeur américain, reconnu mondialement pour ses recherches océanographiques, organise ses expéditions scientifiques à bord de son propre navire océanographique.
Les autres armateurs (Fondation Tara Océan, Schmidt Ocean Institute, OceanX, InkFish) mettent à disposition leur bateau aux acteurs scientifiques regroupés en consortium scientifique lors d’expédition commune (cas de la Fondation Tara Océan) ou lors de mission ponctuelle (cas de la Schmidt Ocean Institute). D’autres acteurs ne sont pas armateurs. Certains sont des institutions de recherche (King Abdullah University of Science and Technology (KAUST, etc.) et d’autres ne font pas d’expéditions de recherche en mer. Néanmoins, leur rôle est d’accompagner des États démunis de moyens dans leurs actions océanographiques : définir leur zone marine (ZEE), proposer des plans d’actions de protection ou des stratégies de Marine Spatial Planning durables (Waitt Institute).