Tribune : plastiques en mer, les solutions sont à terre !
Communiqué – 7 juin 2019
À l’occasion de la journée mondiale de l’océan le 8 juin 2019, la Fondation Tara Océan lance un appel à soutenir la recherche pour lutter contre la pollution plastique.
Plastiques en mer, les solutions sont à terre !
Le constat ne suffit plus, la démarche scientifique doit désormais éclairer les prises de décisions pour enclencher la « transition plastique ».
Par Jean-François Ghiglione, CNRS, Ecotoxicologue – Laboratoire d’Océanographie de Banyuls et Romain Troublé – Directeur général de la Fondation Tara Océan.
Les images fortes des animaux marins étouffés par les plastiques, les chiffres des quantités de déchets retrouvés en mer qui donnent le tournis, le constat que les zones les plus isolées du monde sont polluées par nos produits de consommation : autant de messages qui ont marqué l’opinion publique qui réclame aujourd’hui une « transition plastique ».
La recherche scientifique avance rapidement dans le domaine, mais elle n’est pas suffisamment partie prenante des décisions politiques et industrielles. Les solutions doivent à la fois tenir compte de la réalité du milieu naturel et du potentiel d’innovation qui existe dans les laboratoires de recherche. Les solutions « bio » actuelles (biosourcées, biodégradables, non toxiques et recyclables) ne répondent pas aujourd’hui à la réalité de l’offre et de la demande, ni à l’ambition « zéro impact sur l’environnement ».
La Fondation Tara Océan est engagée depuis plus de 10 ans aux côtés des scientifiques sur la question de la pollution plastique : elle a mis en évidence la pollution dans les zones reculées de l’Arctique, alerté sur la situation en Mer Méditerranée qui est la mer la plus polluée du monde par les microplastiques et continue d’interpeler sur l’impact du plastique sur la biodiversité.
En ce 8 juin, Journée Mondiale de l’Océan, la goélette Tara fait route vers une nouvelle « Mission microplastiques », une étude déployée sur 10 des plus grands fleuves d’Europe. Il s’agir d’étudier les origines de la pollution plastique. On estime en effet que 80 % des plastiques retrouvés en mer proviennent de la terre, via les fleuves. Et l’Europe, deuxième émetteur de déchets plastiques de la planète après l’Asie, n’est pas en reste.
Transitant de la terre vers la mer, la véritable solution ne viendra pas du nettoyage de l’Océan. Il ne faut pas croire que la solution serait d’éponger la fuite alors que le robinet n’est pas fermé. L’urgence est à terre, à la source de la pollution qui provient essentiellement de nos emballages. Aujourd’hui, la priorité doit être notamment donnée à la réduction de l’emballage qui constitue, à lui seul, 40 % de la production mondiale de plastique et déborde de nos poubelles.
Quelles solutions à terre ? Pour la Fondation Tara Océan, plusieurs pistes sont prioritaires dans une démarche commune d’économie circulaire :
• Poursuivre la recherche sur la pollution dans les fleuves et en mer pour comprendre les effets les plus nocifs des plastiques sur la biodiversité marine et orienter les politiques publiques.
• Soutenir les interactions entre industriels et scientifiques indépendants pour proposer des solutions innovantes en termes de réduction des déchets, de conception de matériaux biodégradables, recyclables et non toxiques.
• Déterminer l’origine de cette pollution le plus précisément possible pour orienter efficacement l’action et l’investissement des pouvoirs publics.
• Mobiliser le grand public et les nouvelles générations contre la surconsommation d’emballages et de produits à usage unique.
La nature ne produit pas de déchet. Or, les plastiques en mer sont devenus un symbole de l’impact de l’homme sur l’environnement. Pour que notre « empreinte plastique » ne soit pas davantage léguée aux générations futures, la science et l’innovation doivent être des acteurs-clés de la « transition plastique ». Inverser la donne qui prédit que dans 30 ans nous verrons plus de plastique que de poissons dans l’Océan, c’est proposer le défi qu’en 2050 nos déchets plastiques ne soient plus un marqueur de notre impact sur la biodiversité de l’Océan.