20 ans de partage pour construire ensemble un nouveau récit sur l’Océan

Vers un nouveau récit

Myriam Thomas, Directrice du pôle Culture Océan, travaille sur le partage de connaissances depuis 15 ans avec pour objectif de lutter contre les prêt-à-penser et essayer de rapprocher tous les citoyens de l’Océan. Dès la première expédition en 2006, il y avait une réelle volonté de faire vivre à tous cette extraordinaire dérive arctique. Ce voyage au cœur de la machine climatique va représenter l’ADN de l’aventure de la Fondation Tara Océan, celle qui a légitimé le rôle de la goélette comme un fantastique observatoire environnemental mais aussi comme un incroyable outil de transmission.

Au début, nous devions nous appuyer sur le pilier de cette aventure, la goélette, outil qui fait rêver et qui a permis au public de nous connaître.

Lors du premier départ à Lorient en juillet 2006, 50 personnes étaient réunies sur le quai pour souhaiter une belle aventure à Tara : “c’était le début d’une grande histoire”. Mais le plus beau souvenir pour elle reste le retour de la goélette à Lorient en 2008 où plus de 10 000 personnes attendaient le bateau et l’équipage. “Nous avions alors le sentiment d’avoir gagné ce pari fou mais aussi de commencer à écrire un nouveau récit d’exploration du 21ème siècle. », se rappelle Myriam avec émotion.

Ce fut un moment clé dans son histoire avec la fondation. Elle était alors convaincue du rôle que Tara pouvait avoir pour transmettre la richesse et l’importance de la recherche scientifique. “Je me suis dis que je ne m’étais pas trompée, j’avais fait un pari en changeant de métier mais j’étais sûre de mon choix et c’est devenu à ce moment là, pour moi, un réel engagement.” confie Myriam Thomas.

La Culture Océan : partager et transmettre à tous 

L’idée de créer un pôle Culture Océan est récente. Elle s’est construite autour de longues réflexions et de discussions collectives au fur et à mesure des années. L’association Tara expéditions est passée à Fondation Tara Océan, l’ambition a grandi et les objectifs ont évolué. Les premières années, l’histoire s’est adossée sur l’aventure humaine avec la mission Tara Arctic, puis l’objectif fut d’acquérir une crédibilité sur les recherches scientifiques réalisées à bord. La goélette Tara était une plateforme scientifique singulière face aux bateaux océanographiques en activité depuis de nombreuses années. Tara a gagné cette légitimité grâce à l’incroyable expédition scientifique Tara Oceans qui a positionné la Fondation comme un acteur qui compte.

Le premier outil de transmission  était de s’adosser à la recherche scientifique portée pendant les différentes missions “Tout le monde peut comprendre le pourquoi et le comment de la science, cela  dépend juste des supports que l’on propose.” partage Myriam. 

Durant toutes ces années, l’élément clé qui a permis de partager est le récit. Depuis la nuit des temps, le partage de connaissances s’est construit grâce aux histoires que l’on raconte. La Fondation a décidé de partager la connaissance par un récit, composé de différents chapitres : 

• l’aventure humaine ;
• la recherche scientifique ;
• mais aussi tout ce qui constitue l’écosystème de la Fondation comme l’art, le plaidoyer politique ou l’expérience maritime avec la navigation.

Partager une connaissance commune autour d’un sujet unique, c’est proposer d’agrandir la culture individuelle de chacun sur un thème. En créant une culture commune de l’Océan, nous pourrons le remettre au cœur de son rôle essentiel et des enjeux futurs.

Ecrire aux côtés des scientifiques

Dans la création de ce récit de Culture de l’Océan, la recherche scientifique est un maillon essentiel. « Je suis convaincue que la science peut être créatrice d’un lien, elle permet de comprendre le monde dans lequel nous vivons et celui dans lequel nous devons nous préparer à vivre. » partage Myriam

La grande difficulté dans l’art de la médiation scientifique est de définir les différents niveaux de lecture pour que tout le monde puisse comprendre. Il a donc fallu prendre du temps pour “vulgariser” (car, non,  ce n’est pas pas un gros mot) ces messages parfois complexes, pour les rendre compréhensibles. De la même façon, il a fallu du temps pour rassurer les scientifiques sur le fait que la création de ces différents niveaux de lecture qui amènent à simplifier le propos issu de la recherche ne rend pas le résultat moins scientifique et qu’il est essentiel aujourd’hui de se plier à l’exercice de simplification d’écriture du savoir.

Notre singularité chez Tara est de créer des outils main dans la main avec les scientifiques, en tenant compte de leurs certitudes mais aussi de leurs doutes.

Partager la connaissance via les nouveaux canaux digitaux

Le partage de connaissance a changer devant la pluralité des sources d’information disponibles. Le challenge actuel est l’accès à la bonne ressource. 

Les canaux digitaux ont permis une diffusion plus large des connaissances et de l’information. Pourtant « Je ne suis pas sûre que le niveau de connaissance individuel sur l’Océan  ait changé, mais je vois plutôt  une curiosité plus importante autour des savoirs qui amène les gens à aller chercher de l’information/de la connaissance autour de l’Océan.” d’après Myriam.

Les réseaux sociaux, par exemple, font bouger les lignes. Ils sont autant “une menace” avec des informations modifiées, déformées, parfois fausses, et pourtant ils représentent aussi une réelle force de frappe, ils offrent une opportunité exceptionnelle de sensibiliser le plus grand nombre en un temps record.

L’objectif phare de la fondation est de parler à tous les publics, à tous les citoyens afin de donner des clés de compréhension communes. 

Les outils universels comme les expositions, les rencontres, les projections… restent essentiels pour partager la connaissance. Aujourd’hui, ce partage se fait aussi davantage par l’image et l’utilisation de l’illustration : “Les propos sur la recherche sont complexes, les images et les illustrations permettent de rendre accessible  des concepts compliqués”. partage Myriam.

Création de réseaux de culture scientifique

Trouver les bons relais pour  nos outils représente un travail important ces dernières années. A l’échelle nationale, les réseaux d’acteurs de la culture scientifique sont essentiels pour démultiplier notre impact : institutions muséales, médiateurs, médiathèques, bibliothèques, festivals… ils partagent nos outils sur la culture de l’Océan et créent des rencontres génératrices de lien tout en diffusant  un message  commun. 

Qu’est-ce que sera la médiation 5.0 ?

Par quelle voie passera le partage de connaissances de demain ? C’est un questionnement global. C’est pour cette raison que la Fondation Tara Océan travaille de plus en plus avec les écoles, les universités, au plus près de la nouvelle génération qui aura à dessiner le métier de la médiation de demain.

La Fondation Tara Océan doit travailler sur l’engagement pour montrer à tous qu’une action individuelle a un impact sur le collectif, faire sauter les préjugés. Réécrire un récit autour d’une philosophie de complémentarité, de connexion entre chaque action. 

Partant de ce constant, finalement, Protéger l’Océan doit devenir un sport universel, accessible à tous. Chaque citoyen peut y accéder sous réserve d’être convaincu et engagé dans la cause. 

L’engagement aujourd’hui est à l’origine d’un grand débat à l’échelle de la société : de plus en plus de personnes souhaitent trouver un travail qui a du sens. Mais le vrai changement se fera d’une manière plus profonde, c’est-à-dire lorsque chaque métier aura un sens, on pourra alors changer les lignes.

Ainsi, le challenge de la Culture Océan et du partage de connaissances est de faire comprendre l’importance et l’urgence des enjeux à venir autour de l’Océan au plus grand nombre. Une fois la connaissance partagée, l’engagement sera plus fort ! 

“Parce qu’acquérir la Culture de l’Océan, c’est acquérir des règles et donner les moyens à chaque citoyen de passer à l’action. Il y a 15 ans, Tara était un bateau sur l’eau qui partait en expédition, aujourd’hui Tara a obtenu le statut d’observateur à l’ONU. »

L’Océan avec un O

Parler de l’Océan avec une capitale représente un choix symbolique. Vaste étendue d’eau salée recouvrant 70,8 % de la surface terrestre, l’Océan avec un O majuscule nous rappelle son absence de frontière et son rôle essentiel dans le système Terre. Cette action de partage de connaissance est un enjeu social, nous devons fédérer tous les publics autour d’une aventure commune, placer l’Océan au centre de nos préoccupations.

“L’écriture de ce nouveau récit ne serait pas possible sans l’engagement des personnes qui ont, durant toute ces années, partagé leur plume au sein du pôle Culture Océan. Je tiens à remercier chacune et chacun pour tous ces moments EXTRA-Ordinaires qui ont fait avancer Tara vers une nouvelle histoire”.  Myriam Thomas.

Pour la fondation, les 20 prochaines années sont déterminantes pour la planète, l’Océan et l’avenir de l’humanité. 

Il est maintenant urgent de changer notre perception et de regarder cette vaste étendue d’eau comme la clef de la vie sur Terre.

L’enjeu de la préservation de l’Océan nous concerne tous.