Arctique et Antarctique : quelles différences ?
Situés à 20 000 km de distance et antipodes géographiques, l’Arctique et l’Antarctique sont des pôles assez semblables de premiers abords. Alors, comment ne pas les confondre ? Au pôle Nord, l’Arctique est constitué en grande partie d’un océan recouvert de banquise. Au pôle Sud, l’Antarctique se compose essentiellement d’un important continent recouvert d’une calotte glaciaire. Bien que le climat soit particulièrement hostile dans ces régions polaires, la biodiversité y est parfois abondante. Découvrez en plus sur les particularités propres à chacun de ces deux pôles.
Pourquoi dit-on l’océan Arctique et le continent antarctique ?
Arctique et Antarctique sont deux régions situées aux pôles, composées de calottes de glace, de glaciers et de la banquise. Comment les distinguer ? L’Arctique est majoritairement un Océan entouré de terres, tandis que l’Antarctique est majoritairement un continent entouré par l’Océan austral.
Arctique : un Océan cerné par les terres
Géographiquement, l’Arctique est composé d’un ensemble de territoires situés à l’intérieur d’un cercle imaginaire, dit cercle polaire. Au cœur de cette région se trouve un Océan qui gèle en surface en hiver et dégèle encore partiellement en été.
L’Arctique est formé majoritairement de la banquise flottant sur un océan d’une superficie moyenne d’une dizaine de millions de kilomètres carrés flottant sur l’océan. Elle se forme à partir d’eau de mer qui gèle en surface en grandes plaques quise brisent et s’entrechoquent au gré des vents. C’est donc de la glace salée, qui devient douce avec le temps. Il y a également des glaciers et des calottes glaciaires, mais ceux-ci sont principalement situés sur les îles environnantes dont la plus grande :le Groenland.
L’océan Arctique est un Océan profond avec des fosses atteignant 5000 m ainsi que des chaîne montagneuses sous-marines. C’est un Océan enclavé que l’on peut comparer à “la Méditerranée froide”, et c’est le seul océan polaire de la planète où la nuit permanente et le jour permanent durent cinq mois de l’année chacun.
Sous l’effet des courants marins et des vents, la banquise va se déplacer. Sa vitesse peut varier entre 5 et 20 km par jour.
Comment se forme la banquise ?
1- Soupe de glace : lorsque l’eau descend en dessous de -1,8°C, une sorte de soupe de glace se transforme en cristaux de glace.
2- Frasil : sous l’action des turbulences à quelques mètres de profondeur, les cristaux de 2 micromètres de diamètre s’accumulent,s’imbriquent et remontent en formant une fine couche de glace.
3- Crêpes de glace : l’accumulation du frasil au fur et à mesure de son apparition permet la formation de petites plaques. En s’entrechoquant, elles forment des petites crêpes.
4- Jeune glace : la banquise naît avec ces blocs de glace de 10 à 30 cm.
5- Glace de première année : cette glace varie entre 30 cm et 1 m d’épaisseur.
6- Banquise : après plusieurs années, cette glace pluriannuelle peut atteindre 2 à 3 m d’épaisseur. Quand la glace atteint cette épaisseur, l’eau est isolée de l’atmosphère empêchant la formation de nouveaux cristaux. Son épaisseur maximale est atteinte.
Il faut distinguer le pack désignant la banquise flottante et dérivante du fast-ice, la banquise attachée à la côte.
Antarctique : un continent isolé au milieu de l’Océan
Formée de 90% de glace, l’Antarctique est composé principalement de la calotte glaciaire antarctique, qui est une immense masse de glace continentale couvrant presque entièrement le continent (la calotte a une épaisseur moyenne de 1600 m). Cette calotte se forme à partir des chutes de neige. D’une superficie de 14 millions de kilomètres carrés, cette zone comprend des glaciers se déplaçant depuis le centre du continent vers les côtes, où ils se détachent pour former des icebergs. Les plateformes de glace flottantes, comme la plateforme de Ross et la plateforme de Larsen, sont caractéristiques de l’Antarctique.
Comment se forme la calotte glaciaire ?
La calotte se forme lorsque la quantité de neige reçue durant une année est plus importante qu’elle ne s’écoule. Généralement la neige s’accumule au sommet, elle transforme les couches les plus anciennes en glace. Par gravitation, le glacier va s’écouler progressivement vers la mer. Lors des intempéries et des différentes tensions au sein de la glace, des blocs se détachent du glacier ou d’une plateforme de glace en formant des icebergs. Ce processus de formation de l’iceberg est appelé le “vêlage”. L’iceberg est donc formé d’eau douce, il va dériver au gré des courants et se fragmenter et fondre au cours du temps.
NB : 80 à 90% du volume de l’iceberg est immergé. Par exemple, un iceberg de 35 à 40 m aura une partie immergée dans l’eau d’environ 300m.
Qu’est-ce que l’albédo ?
Aux pôles et grâce à la glace qui y est abondante, l’albédo (part des rayonnements solaires qui sont renvoyés vers l’atmosphère) est plus important qu’ailleurs sur la planète car une surface blanche réfléchit jusqu’à 90 % du rayonnement solaire. L’albédo varie peu en Antarctique car l’épaisseur de glace peut mesurer 4000 mètres comme au pôle Sud, alors qu’il varie fortement en Arctique car la banquise laisse apparaître de vastes étendues d’océan sombre en fondant.
Comment distingue-t-on l’Arctique de l’Antarctique ?
Les différences entre l’Arctique et l’Antarctique sont nombreuses et significatives : le type de glace comme nous venons de le voir mais également sous d’autres critères tels que l’écosystème, la géographie et la biodiversité.
Des écosystèmes distincts
Le pôle Nord – Arctique :
- Les conditions climatiques sont relativement plus douces comparées à l’Antarctique : la température moyenne en hiver avoisine -40 °C en Arctique et en moyenne -60 °C en Antarctique.
- La présence humaine est significative (7 millions d’habitants), avec des populations autochtones comme les Inuits (Groenland, Laponie, Alaska). La végétation est composée de toundra arctique avec des mousses, des lichens, et quelques arbustes.
- La vie marine est riche en espèces comme les phoques, les morses, les ours polaires, et une grande variété de poissons et de mammifères marins. Néanmoins, elle a été peu étudiée et il reste encore une biodiversité foisonnante à découvrir à la base de l’écosystème.
Le pôle Sud – Antarctique :
- Les conditions climatiques sont beaucoup plus extrêmes qu’au pôle Nord avec des températures très basses : un record mondial mesuré à -89 °C en 1983. C’est le continent le plus froid de la planète.
- Il n’y a pas de population humaine indigène permanente; la présence humaine se limite aux scientifiques dans des bases de recherche : plus d’une quarantaine de bases scientifiques permanentes abritant un millier de chercheurs d’une dizaine de nationalités.
- La végétation est quasi inexistante, limitée à quelques algues, mousses et lichens.
- La vie marine est également riche, mais différente : manchots, phoques, baleines, flore benthique et de nombreux oiseaux de mer.
Une biodiversité riche et diversifiée
La biodiversité est plus importante en Arctique comparée à l’Antarctique. De grands mammifères sont présents comme l’ours polaire, le renne, le bœuf musqué, et de nombreux oiseaux migrateurs. Toutefois, l’Arctique est une région qui a été peu étudiée. La biodiversité marine microscopique par exemple n’est quasiment pas documentée.
A l’inverse, la biodiversité terrestre en Antarctique est extrêmement limitée en raison des conditions environnementales extrêmes : l’Antarctique est un continent très isolé des autres et ce, depuis très longtemps. Il n’a pas pu être colonisé par les ours polaires, car trop éloigné des autres terres lorsque l’espèce est apparue. En revanche, la biodiversité marine est relativement importante en Antarctique, avec des espèces adaptées aux eaux froides, comme les krills, stocks sur lesquels repose une importante partie de la chaîne alimentaire marine.
Qu’est-ce que le cercle polaire ?
Le cercle polaire est une longitude, une ligne imaginaire faisant le tour de la Terre, marquant la limite des régions polaires. Les géographes distinguent le cercle polaire Arctique et le cercle polaire Antarctique. Les cercles polaires sont utilisés comme des repères géographiques importants, c’est la latitude à laquelle le soleil se couche lors du solstice d’été.
Les cercles polaires définissent les zones à l’intérieur desquelles les phénomènes de soleil de minuit et de nuit polaire se produisent au moins une fois par an. Ces phénomènes sont dus à l’inclinaison de l’axe de la Terre par rapport à son orbite autour du soleil.
Cercle Polaire Arctique
- Latitude : situé à environ 66° 33′ 47″ Nord.
- Position : traverse les régions nord de l’Amérique du Nord, l’Europe, et l’Asie.
- Climat : caractérisé par des hivers très froids et des étés courts et frais.
- Repères naturels :
- soleil de minuit (21 juin) : à cette latitude le soleil ne se couche pas le 21 juin et reste visible 24 heures.
- nuit polaire (21 décembre) : à cette latitude, le soleil ne se lève pas et reste sous l’horizon pendant 24 heures.
Cercle Polaire Antarctique
- Latitude : situé à environ 66° 33′ 47” Sud.
- Position : entoure le continent antarctique.
- Climat : extrêmement froid avec des températures bien en dessous de zéro pendant la majeure partie de l’année.
- Repères naturels :
- soleil de minuit : a contrario de l’Arctique, le 21 décembre le soleil ne se couche pas sur le Cercle polaire.
- nuit polaire: et le 21 juin, le soleil ne se lève pas pendant 24h.
Les régions polaires, parées de blanc, forment des paysages uniques et abritent une biodiversité essentielle à l’équilibre de notre planète. Avec un volume de glace dix fois plus important en Antarctique qu’en Actique, le changement climatique impacte davantage le pôle Nord alors qu’il joue un rôle clef dans la régulation du climat planétaire, et notamment de l’hémisphère Nord. La perte de la banquise d’été et la diminution des neiges de printemps est amplifiée par la hausse des températures : l’humidité augmente et l’albédo diminue. Cette région se réchauffe trois à quatre fois plus vite que le reste du monde. Comprendre comment la vie s’est adaptée et évolue désormais là-haut est fondamental pour anticiper les effets du changement climatique à venir plus au Sud et protéger la biodiversité unique de l’Arctique .
Dans l’histoire de la recherche polaire Arctique, très peu d’études ont été menées au centre de l’Océan car les expéditions scientifiques dans cette zone sont logistiquement difficiles à mener en plein hiver. Et la recherche sur le vivant en est encore au stade de la découverte d’espèces endémiques, et de leurs capacités invraisemblables à résister aux longs hivers.
Dans le cadre de la stratégie polaire française et à l’aube de la Décennie de l’action pour les sciences de la cryosphère (2025-2034), la Fondation Tara Océan construit actuellement un navire de recherche scientifique conçu pour résister à la glace et se laisser dériver en autonomie pendant 500 jours : Tara Polar Station. L’ambition est d’effectuer 10 expéditions consécutives chaque année paire jusqu’en 2046 pour étudier la biodiversité de l’océan Arctique ainsi que les mécanismes et l’impact du réchauffement climatique. C’est la première fois qu’un programme de recherche collectera des données de manière continue à travers les saisons et sur le long-terme sur cet écosystème de l’extrême.