Flux migratoires dans l’Océan : Pourquoi les animaux marins migrent-ils ?

Les migrations des animaux en milieu marin fascinent les scientifiques et les passionnés de la nature depuis des siècles. Ces voyages extraordinaires révèlent des comportements étonnants et des adaptations remarquables chez différentes espèces. Revenons sur l’expédition Microbiomes (2020-2022) pour comprendre l’importance des migrations planctoniques et leur rôle majeur dans l’export de carbone vers les profondeurs.

Filet Régent
Filet régent ©Maéva Bardy – Fondation Tara Ocean

Comportement animal : la migration

Le mouvement est une caractéristique comportementale animale étudiée par les scientifiques depuis de nombreuses années. Les animaux arrivent à se repérer dans l’Océan, un environnement sombre et immense, grâce à des signaux extérieurs. Ainsi, un mouvement peut être déclenché par : 

Certains animaux font chaque année un aller-retour entre deux régions. Ce mouvement est appelé “migration”. Il s’agit d’un mouvement saisonnier relativement long. 

Comment les organismes marins se repèrent ils dans l’Océan ? 

Les animaux migrateurs ont développé diverses capacités afin de se repérer dans l’Océan, un écosystème vaste où tous les sens sont sollicités :

Baleine franche
Baleine franche australe ©Marin LE ROUX-polaRYSE – Fondation Tara Ocean

Quelles sont les raisons qui poussent les animaux à migrer ? 

La migration est un comportement animal essentiel à la survie et la reproduction des espèces. Les principales raisons qui poussent à la migration sont : 

Quelles sont les principales espèces impliquées dans ces flux ?

En réalité, une grande diversité d’espèces : des plus grandes aux plus petites. En voici quelques exemples.

Elles sont parmi les plus grands migrateurs marins. Certaines baleines, comme la baleine grise, parcourent des milliers de kilomètres entre leurs zones d’alimentation proche de l’Alaska, et de reproduction dans les eaux plus tempérées du Mexique.

Elles parcourent d’incroyables distances pour rejoindre leurs sites de reproduction et de ponte. 

Des espèces de poissons comme le saumon effectuent des migrations complexes entre les eaux douces et salées pour leur reproduction.

Les oiseaux marins, tels que les albatros, effectuent des migrations transocéaniques à la recherche de nourriture. 

Albatros
Albatros ©Marin LE ROUX-polaRYSE – Fondation Tara Ocean

Tout comme ces espèces emblématiques, est-ce que le plancton effectue des migrations ? 

Les migrations planctoniques 

Le plancton, composé d’organismes microscopiques dérivant avec les courants, joue un rôle essentiel dans les écosystèmes marins. Les “migrations” du plancton sont souvent influencées par des facteurs tels que les conditions environnementales, les cycles saisonniers et les schémas de circulation océanique. Certains planctons vont aussi effectuer des migrations diurnes. Ils vont migrer vers les profondeurs pendant la journée pour minimiser leur exposition à la lumière du soleil. Cette stratégie réduit la prédation et l’impact des rayons UV.

Plancton
Observation du plancton à la loupe binoculaire ©Maéva Bardy – Fondation Tara Ocean

Cas du zooplancton : mouvements verticaux diurnes et nocturnes

Composé principalement d’organismes animaux microscopiques, le zooplancton participe à des migrations verticales diurnes et nocturnes. La grande majorité d’entre eux  remontent à la surface pendant la nuit pour se nourrir, profitant de l’obscurité pour éviter les prédateurs. Au lever du soleil, ils redescendent dans les profondeurs pour échapper à la lumière et aux prédateurs diurnes. 

Cas du phytoplancton : mouvements verticaux saisonniers

Le phytoplancton, constitué de micro-organismes photosynthétiques tels que les micro-algues, suit des migrations verticales saisonnières en réponse aux changements de lumière solaire. Cela leur permet de maximiser l’accès à la lumière pour la photosynthèse.

Les mouvements de migration verticale du plancton peuvent donc être influencés par des changements saisonniers tels que : 

Tara Microbiomes : les migrations nycthémérales 

Lors de l’expédition Microbiomes (2020-2022), les scientifiques à bord de Tara ont étudié les monts de Vittoria Trinidad (4000 m de profondeur), au large du Brésil. De nombreuses espèces planctoniques de cette zone effectuent ces migrations depuis les profondeurs vers la surface pour se nourrir. Bien qu’il s’agisse de la plus grande migration animale en termes de biomasse déplacée connue sur Terre, elle est également la moins documentée ! 

Etant donné que la nuit, les organismes agissent différemment, les scientifiques ont souhaité en savoir plus sur ces comportements. C’est pour cette raison que des prélèvements d’eau de mer ont été effectués de jour comme de nuit à bord de Tara afin de couvrir la totalité des espèces présentes.

Filet bongo
Prélèvement de nuit avec un filet Bongo ©Maeva Bardy – Fondation Tara Ocean

Le phytoplancton vit proche de la surface de l’Océan pour bénéficier de la lumière du soleil. Le zooplancton vit quant à lui entre 400 et 500 mètres de profondeur. Néanmoins, toutes les nuits, le zooplancton remonte vers la surface pour se nourrir de phytoplancton tout en étant à l’abri des prédateurs. Ainsi, tout comme les humains, les microorganismes disposent d’un rythme dit “nycthémérale”, soit d’un jour et d’une nuit. On parle donc de migration nycthémérale. 

Cette migration peut être très rapide. Si on rapporte, par exemple, la vitesse de migration du copépode (500 m en 2 heures) à sa taille (1 mm), on comprend que ce microorganisme se déplace à la vitesse d’un avion rafale ! Cette migration a donc un impact certain sur l’écosystème. En effet, en consommant le phytoplancton de surface, le zooplancton qui descend au petit matin vers les profondeur,  emmène avec lui toute cette biomasse. Les scientifiques considèrent que cette migration participe au tiers de l’export de carbone vers les profondeurs.

Les migrations du plancton sont une composante cruciale des écosystèmes marins, influençant les chaînes alimentaires et les cycles biogéochimiques. Comprendre ces déplacements est essentiel pour évaluer l’impact des changements climatiques sur l’Océan et pour assurer la pérennité du bon fonctionnement de l’écosystème global. 

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