Pourquoi étudier l’Arctique et protéger sa biodiversité de l’extrême ?
L’Arctique est une région sentinelle du changement climatique. Sa biodiversité riche et méconnue est au coeur des enjeux environnementaux, politiques et économiques actuels..
Qu’est-ce que l’Arctique ?
L’Arctique est une région de 16,5 millions de km² aux confins du pôle Nord occupé en son centre par l’océan glacial Arctique, d’une superficie équivalente à cinq fois celle de la mer Méditerranée. Les conditions de glace et de nuits longues et intenses : 5 à 6 mois de nuits polaires par an à ces latitudes, sont à l’origine d’une biodiversité singulière.
Fonte de la banquise arctique : une région sentinelle du réchauffement climatique
L’Arctique est l’une des régions les plus sensibles aux changements climatiques, la hausse des températures observées étant trois à quatre fois plus rapide qu’ailleurs sur la planète. La fonte accélérée de la glace de mer qui en résulte a des répercussions sur l’équilibre climatique mondial par le fait que la répartition des hautes et basses pressions est altérée. Le retrait rapide de cette banquise arctique est l’un des indicateurs tangibles les plus directs du réchauffement planétaire avec la montée des eaux.
On estime que chaque tonne de CO2 émise fait fondre 3 mètres carrés de banquise. La diminution de cette surface blanche réfléchissante de la banquise (l’effet d’albédo) au profit de l’océan bleu foncé augmente l’absorption de la chaleur par ce dernier, contribuant ainsi au réchauffement global en retour….
Une biodiversité aussi riche que méconnue dans l’océan glacial Arctique
La biodiversité marine en Arctique est vulnérable et unique comme ont pu le montrer les chercheurs embarqués sur Tara de 2009 à 2013 lors de l’expédition Tara Oceans.
La composition en bactéries et microalgues marines ne ressemble en rien à ce qu’ils ont pu observer et documenter dans les autres bassins océaniques de la planète, y compris l’océan Austral, froid lui aussi.
L’océan glacial Arctique semble avoir évolué séparément des autres alors même qu’il est bel et bien connecté. Les variations de la glace de mer influent sur les habitats des espèces, car la majeure partie de la production primaire, celle qui transforme l’énergie solaire en matière organique, se déroule dans et sous la banquise.
La préservation de cette biodiversité invisible est cruciale pour maintenir l’équilibre écologique de ce coin de la planète et notamment les espèces plus emblématiques du haut de sa chaîne alimentaire comme les ours polaires, les phoques, les narvals et autres orques ou cétacés.
La fonte des glaciers du Groenland, du Canada et de quelques îles de Sibérie quant à elle peut libérer des nutriments et des polluants dans l’Océan, affectant les écosystèmes. C’est aussi un phénomène que l’on observe à travers les apports d’eau douce massifs chargés en nutriments et polluants des méga fleuves russes et canadiens qui se déversent dans le bassin Arctique.
Des populations locales affectées par les changements rapides de l'Arctique
Les communautés autochtones de l’Arctique dépendent étroitement des ressources naturelles pour leur subsistance. Les changements environnementaux perturbent leurs modes de vie traditionnels, influant sur leur sécurité alimentaire, la pêche, la chasse et leur culture tout entière. En effet, neuf à dix mois de l’année, les communautés arctiques encore bien présentes en Alaska, au Canada et au Groenland se déplacent sur la mer gelée en traîneaux, et de plus en plus en motoneige sur des kilomètres pour se retrouver, échanger mais aussi pour chasser et pêcher pour leur subsistance. D’autres se déplacent sur le pergélisol toute l’année, y compris en été. Désormais, ces voies de communications sont impraticables plusieurs mois par an, suite à la fonte occasionnée en surface, et à la boue qui entrave tout déplacement.
Tara Polar Station, notre avenir se joue en Arctique
L’Arctique est à l’avant-garde des effets de la crise climatique. Les températures à la surface de la banquise augmentent et les effets sur les écosystèmes sont d’ores et déjà très perceptibles : réduction de la banquise, altération de la qualité de la glace, absorption de davantage d’énergie solaire, fonte du pergélisol et accroissement de l’humidité dans l’air.
Après l’expédition Tara Arctic de 2006 à 2008, la Fondation Tara Océan retourne au pôle Nord
Avec Tara Polar Station, un navire de recherche scientifique conçu pour résister à la glace et se laisser dériver pendant environ 14 mois tout en maitrisant son impact sur son environnement immédiat. Il est prévu qu’elle effectue 10 expéditions consécutives jusqu’en 2046.
L’objectif est de documenter et de comprendre la dynamique de ces transformations, questionner les données scientifiques et recenser la richesse de la biodiversité locale. L’exigence et l’adversité de ce milieu extrême et dynamique n’a jamais permis un programme de recherche sur la durée, toute l’année au cœur de la banquise du Pôle. Ce sera la mission des équipages à bord de cette sorte de station spatiale du pôle Nord.
C’est une exploration scientifique de plus de 20 ans qui démarre au cœur de l’océan Arctique.
Une station polaire dérivante en Arctique
Tara Polar Station
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Aux confins de l’Arctique, Tara le voilier le plus septentrional de l’Histoire
La jeune équipe Tara et le CNRS se sont lancés en 2006 dans une aventure humaine et scientifique hors norme : traverser l’océan Arctique en dérive avec la banquise pendant 18 mois dans le sillage du Fram, et y mener des recherches scientifiques sur le changement climatique avec la Commission Européenne.
En Arctique, les 20 prochaines années sont déterminantes
L’Arctique est une zone fragile et pourtant essentielle pour l’ensemble du Vivant et l’équilibre de notre planète.
Mais encore …
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